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BENITORAMA
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21 novembre 2006

Eprouvette 1 & 2

Devenue indispensable en deux numéros, la revue de théorie et de critique de la bande dessinée publiée par l'Association, principalement faite par des auteurs. Demandez-la à votre libraire et s'il fait la moue... changez de librairie ! La preuve éprouvée de l'Eprouvette.

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14 novembre 2006

Klucis enfin

D'un livre beaucoup désiré, trop désiré, on peut attendre deux choses : une sorte de jouissance à le tenir enfin serré ou une déception, plus ou moins forte. Lorsqu'après avoir guetté en vain un exemplaire d'occasion sur le net, je me suis décidé à commander neuf par le biais de ma librairie angoumoisine MCL cette alléchante monographie consacrée au letton Klucis*, j'avais fantasmé ce livre depuis des mois. Je l'avais ruminé, mâché en pensée comme un quichotte urbain à cathédrale obsessionnelle. Je me présente le mercredi à MCL, quasi fébrile, tenant déjà ce livre en imagination, pressé d'aller me poser dans un café avec lui. Le livre n'est pas arrivé. Je repars penaud, traînant la jambe. Je retourne à MCL et du coup m'achète un autre livre. Je repars, un peu moins penaud, mais toujours frustré. Le vendredi, je me présente dès 10h00, quasiment enragé, l'oeil nerveux : il me faut KLUCIS ! Une joyeuse pile de cartons m'accueille : dedans, à moins d'une catastrophe (livre épuisé au final, énième inondation ou incendie d'entrepôts...), mon livre doit s'y trouver. MON, car à ce stade il m'appartient déjà. Je le tripote mentalement. La libraire m'accueille avec un sourire, elle sait ce que je viens chercher, enfin on me le sort.

Et là, ô misère de mes étagères, le livre est (légèrement mais quand même) ABÎMÉ !

Un long débat, un peu de sourds tout de même, s'instaure entre un Benito meurtri et un trio de libraires pleins de bonne volonté. La libraire me propose de me le prêter et de m'en commander un autre : une très gentille et idéale proposition... mais je ne peux que repartir avec ce livre ou aller me couler dans la Charente, une pile de Coehlo autour du cou.

Je survis à tout cela, le libraire me fait une réduction qui tient lieu d'opium et je repars un peu déstabilisé, content de l'avoir mais déçu par cette blessure. Quant au format, je le voyais plus grand - le livre est petit pour une monographie d'art - ce qui aurait bien mieux mis en valeur les reproductions.

Mais à ce stade là je ne pouvais qu'aller m'affaler dans un bar et siroter ce livre au goût amer de café. Avec un peu de sucre, ce fut fort bon.

Et qu'on ne me dise pas que ce n'est pas vivre : il y a plus de vie dans un bon livre que dans cent moments creux.

* "Gustavs Klucis (1895-1938)", Musées de Strasbourg, 2005.

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