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BENITORAMA
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10 décembre 2007

Thèse en Sorbonne sur "Charlotte Corday et l'attentat contre Marat"

Cet après-midi, en Sorbonne, le jeune historien Guillaume Mazeau soutenait sa thèse sur Charlotte Corday et l’attentat contre Marat : événements, individus et écriture de l’histoire (1793-2007), thèse sous la direction de JC Martin, avec, dans le jury des gens comme JP Jessenne* ou Timothy Tackett**.

Selon les mots de l'impétrant : "Dans ce travail, nous proposons de revenir sur l’assassinat de Marat, commis le 13 juillet 1793 par Charlotte Corday (1768-1793). L’événement souffre en lui-même d’un préjugé historiographique, qui fausse la compréhension d’une période qui précède immédiatement la « Terreur ». Il soulève aussi des questions plus épistémologiques en ce qui concerne l’écriture de l’histoire. A travers l’examen de l’événement et de ses conséquences immédiates, de ses causes biographiques puis de ses effets à très long terme, dont l'importance est à réévaluer, nous avons voulu montrer qu’il peut être utile de déplacer le regard sur Corday. Ce renversement rétablit en effet la dynamique positive de l’événement, non plus identifié par défaut comme la « mort de Marat », mais comme « l’attentat commis sur Marat », qui porte une signification propre que le statut de la victime n’explique plus à lui seul. Ce rôle de l’événement dans la mise en place de la configuration qui permet la « Terreur », définie comme une politique des émotions, semble être confirmé par l’examen de la famille et du milieu de Corday. Il se confirme surtout à la lumière des conséquences et échos de l’acte, dont le régime d'action procède à la fois du tyrannicide, du régicide et du terrorisme moderne et participe à la fondation d'une nouvelle modernité au cours du XIXe siècle. Cette dernière dimension constitue la finalité de notre démarche. De 1793 à 1815 et dans une moindre mesure jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’attentat frappe par sa capacité à agir sur l’actualité politique, sociale et culturelle française et même européenne. Au début du XXe siècle, l’événement est ensuite délaissé par les universitaires, au nom d'une nouvelle échelle de distincton scientifique et politique. Capté par les milieux opposés à la République et à son nouveau roman national, l'événement devient un des multiples épisodes d'une plus large révision du passé. En décloisonnant ce qui est communément appelé l’histoire d’un côté, l’historiographie et la mémoire de l’autre, nous proposons une nouvelle articulation des régimes temporels par lesquels on analyse un événement, et entendons participer à redéfinir les catégories scientifiques désignant habituellement des usages du passé certes différents, mais peut-être pas inconciliables. Ces propositions s'insèrent donc explicitement dans les débats actuels entre politique, histoire et mémoire pour mieux réaffirmer la spécificité et l’utilité de l’expression universitaire de l’histoire."

Ceux qui comme moi sont alléchés par ces lignes, peuvent, en attendant la publication de cette thèse importante et qui fera date, se reporter à un aperçu de ses travaux, paru chez Geste éditions, un Charlotte Corday en trente questions, qui ne peut qu'ouvrir l'appétit. On peut aussi retrouver sa signature dans les AHRF, ici par exemple.

Depuis que jai appris que Valérie Mangin avait soutenu une thèse d'histoire des institutions, non publiée, je pense et repense à ces monceaux de recherches qui dorment... Publiez, publiez, il se trouvera toujours des lecteurs heureux de vous lire !

* Qui dirige par exemple Vers un ordre bourgeois ? Révolution française et changement social, aux PUR, ma lecture du moment. Une passionnante mise au point historiographique sur la question de la "révolution bourgeoise", éloignée des tranchées d'il y a quelques années. Les choses se sont bien calmées et les historiens de maintenant font feu de tout bois, quoi qu'il soit dur de voir se dégager des vues d'ensemble, tant l'histoire se trouve "en miettes". Il est en tout cas bon de voir revalorisé et défendu tout un héritage historiographique, notamment l'oeuvre de Lefebvre, à qui je dois de grands moments de lecture. Ce livre me fait en tout cas enrager de ne pas assez posséder de langues, tant de livres passionnants sur la Révolution n'étant pas traduits en français.

** En français, on peut lire ce livre, celui-là, ou encore celui-ci.

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