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BENITORAMA
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30 avril 2009

"Notre patience est à bout" de Claude Guillon

Alors que ronchonnant et me mordant une bien imaginaire moustache, je suis plongé dans Notre patience est à bout, le petit livre hors-mode de Claude Guillon (l'auteur de Deux enragés de la Révolution à La Digitale) dont on parlera probablement peu dans la presse hélas, car on préfère disserter sur Olympe de Gouges (ou Charlotte Corday) plutôt que sur Pauline Léon ou Claire Lacombe, comme je l'avais fait sentir dans un précédent post, je me dis que la République a décidément été bien ingrate, sur le long terme, avec certains de ses pères ou défenseurs.

Au point de les ignorer et confondre tous dans une même condamnation : Robespierre, Marat, Saint-Just, Chalier, Roux, Carrier, Hébert et Coffinhal, amis, ennemis confondus, tout ce qui se trouvait, disons, à gauche de Danton et Desmoulins, ce qui représentait bien du monde alors !

(La rencontre de Buonarroti et de Babeuf donne pourtant beaucoup à penser)

Puis, avec l'offensive furetienne et sa "victoire" refroidissante, l'ensevelissement, la dépolitisation, la mise sous coton des mots, des gestes. Et une stérilisante tératologie, couplée à une incompréhension de la violence, sur laquelle Sophie Wahnich* ou Timothy Tackett** ont dit des choses intéressantes en dernier.

A ne pas penser la République et sa naissance, la Révolution et sa tension, on s'expose à bien des déconvenues, et à ne plus savoir qui l'on est, et ce qui a été tenté ou pensé.

Je retourne donc lire ce petit livre, Notre patience est à bout. 1792-1793. Les écrits des enragé(e)s (éd. Imho)***, riche de vie et de présence, autour de révolutionnaires passionné(e)s qu'il serait fou d'oublier, relire Guérin et Dommanget est aussi une bonne chose.

Je reste plus porté par ce que représenta (à tous sens) la Convention, condensateur des forces et énergies, mais si la Révolution se congela, ce fut bien pour quelque chose : Saint-Just, comme d'autres, l'avait noté. En s'en prenant aux hébertistes ou aux enragés, voire aux sections parisiennes, on s'exposait bien entendu à se retrouver quelque peu isolé un soir néfaste de Thermidor, et bien évidemment pas seulement sur le plan tactique : le silence de Saint-Just ?

Là est le drame, là se trouve résumée toute notre histoire moderne en un point noir, incandescent. Tout a été dit ou presque il y a deux siècles, voilà pourquoi il faut se pencher sans cesse sur NOTRE FONDATION.

* De la première, voir La liberté ou la mort (La Fabrique) et La longue patience du peuple (Payot). Du second, Le roi s'enfuit (La Découverte).

*** A relier à cet autre, récemment paru, Le mandat impératif, de la Révolution française à la Commune de Paris, de Pierre-Henri Zaidman, aux Editions Libertaires. 

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