Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BENITORAMA
Visiteurs
Depuis la création 42 797
Archives
21 novembre 2012

La part des choses

Ce n'est pas en blasphémant que l'on fera avancer la cause de l'égalité, de cela je suis convaincu : toujours du côté de Robespierre contre les mascarades anticléricales. Ou alors il faut le talent de happening des surréalistes ou des situationnistes... et cela se fait rare !

Si la réponse à la marée homophobe devait être une marée anti-religieuse*, autant se taper la tête contre les murs : la laïcité sert justement à cela, à contenir le religieux hors de la sphère politique. Et tout le monde peut vivre ensemble côte à côte, dans le respect de convictions différentes. Etant donné leur émiettement post-moderne, mieux vaut !

Peu alléché par des dessins soit-disant satiriques et bêtement anticléricaux, j'achète ce matin La Croix... surtout par curiosité pour deux pages sur la somme** consacrée à "Jésus de Nazareth" par Joseph Ratzinger. Il signe avant tout comme tel, et non comme pape (pour ne pas donner à ce livre le sceau de l'infaillibilité papale, cette étrange construction du XIXe siècle anti-conciliaire).

J'ai lu le premier tome lors de la sortie en poche (Champs Flammarion), je suivrai les autres de même.

Evidemment, ce me fut une lecture souvent difficile, parfois pénible : à la fois du point de vue de la hauteur théologique, mais aussi évidemment de la volonté de rebâtir sur le roc une orthodoxie catholique, post-Vatican II.

Très loin de ces conceptions, ce furent pourtant des heures de plaisir intellectuel que de lire ce "Jésus t.1", et je ne suis pas étonné de l'amitié passée entre Ratzinger et Küng*** : une très haute volée théologique et intellectuelle****, comme un rappel de ce qu'a pu être la naissance des universités au Moyen-Age.

Souffrir en lisant, comme sur des charbons ardents, mais parfois des oasis de fraîcheur et de paix. Ainsi, la réaffirmation claire et nette de l'anti-marcionisme : l'intrication de l'Ancien et du Nouveau Testament. En espérant que tous les catholiques croyants auront bien lu et assimilé ces pages-là, et leurs implications dans le siècle.

A chacun de se faire son idée sur ces livres, encore faut-il les ouvrir, ne pas se contenter de critiquer par la personnalité de l'auteur : trop facile et peu honnête.

Quant à la haute figure de Jésus... pour cela, je suis avec Robespierre et Danton. Elle dépasse les torrents de boue mal inspirée, souvent dictée par la paresse et le conformisme.

En décembre 1792, la Révolution bien avancée, Maximilien Robespierre évoquait "la doctrine sublime et touchante de la vertu et de l'égalité que le fils de Marie enseigna jadis à ses concitoyens" (cité par Paul Chopelin, dans sa mise au point sur "Robespierre, la religion et l'Etre suprême", in Robespierre. Portraits croisés, Armand Colin).

Enfin, lorsque le journaliste de La Croix dit : "Lire et interpréter les textes bibliques n'est pas un exercice simplement savant", on peut évidemment ne pas être d'accord (quid de tant d'exégèse du XXe siècle ?). Sans la foi, on peut tout de même lire et se nourrir de cela, et c'est heureux, comme l'on peut aimer entendre sonner les cloches : se voir rappeler sa finitude n'est jamais une mauvaise chose.

"Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas"... qu'ils soient sauvés sur terre... par la cité des hommes à construire sans cesse, liberté et égalité réelles, et pour tous.

Le reste appartient à chacun, comme un bout de jardin secret*****, hérité ou non de Gethsémani.

* La piquante tribune de Virginie Despentes dans Têtu restait mesurée sur ce point et subtile, faisant référence à "la paille et la poutre".

** Sollers en parle comme du "polar du pape" aux pages 17-18 du n°119 de sa revue L'Infini (Gallimard).

*** Je réserve la lecture complète de ses mémoires pour un été, sous des arbres cléments.

**** Passé des moments privilégiés récemment lors d'une braderie dans une bibliothèque diocésaine : sur les tables, des livres de religion, de théologie bien sûr, mais tout autant de littérature, de philosophie, d'anthropologie, d'histoire, de géographie, de sociologie, d'économie, etc. le tout dans un grand esprit d'ouverture. Un public très mêlé et bien accueilli par des soeurs ou des prêtres, qui certes ne demandaient pas à l'entrée le positionnement de chacun face à l'Eglise ou à la foi. Reparti les bras chargés et ravi de pareil accueil et de telle liberté d'esprit. Une expérience plutôt érasmiste.

***** Que Staline lui-même ne put détruire !

Publicité
Commentaires
Publicité