- Ici, on ne pleurnichera pas sur une dépouille récente, diversement célébrée. Pour se remettre tout ça en tête, lire par exemple Un peu de l'âme des mineurs du Yorkshire (L'Insomniaque). 

- Lecture récente, et marquante, celle des trois tomes de Georg Büchner. Biographie générale, la somme "circulaire" de Frédéric Metz (Pontcerq). Un livre que toute bibliothèque publique devrait posséder, c'est une évidence. Ami(e)s bibliothécaires...

- Dur de s'intéresser à la Guerre froide et à ses conflits brûlants sans croiser la route de Pierre Schoendoerffer. J'ai toujours aimé le cinéaste (et écrivain) et son génie à montrer la guerre "à ras de soldat". Pour compléter la biographie de Bénédicte Chéron (CNRS éditions), on pourra aller lire ces échanges tout juste parus (Grasset). 

- J'essaie de suivre ce que font Les Belles Lettres, le catalogue de cet éditeur se passe de tout commentaire, il est tout simplement indispensable (même si je ne partage pas leur engouement pour Ayn Rand !). Je suis donc ce soir le plus heureux des hommes : on vient de m'offrir les Caractères de Théophraste, un petit livre qui s'en ira rejoindre La Bruyère sur une étagère. 

- Découvert ce texte de Joyce Carol Oates (chez Tristram) grâce à un bel article de Jean-François Fournel dans un numéro récent de La Croix. Jamais rien lu d'elle, ce sera l'occasion (un de ces jours). Quant à la boxe... pourquoi ne pas en profiter pour découvrir un autre Brecht ?

- Parce que j'aime l'honnêteté intellectuelle avant tout, je suis heureux de la parution des Historiens de garde (Inculte), un petit livre écrit par de jeunes historiens remontés contre les fariboles de l'histoire-folklore. A rapprocher de Mais pourquoi tant de haine ? contre des délires pseudo-hédonistes à la mode.

- Pour l'avoir déjà écoutée en conférence, c'est toujours un beau moment d'intelligence en action que celui où parle Julia Kristeva : en voici une occasion parisienne, prochainement. A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, chez Fayard.

Ce sera tout pour le moment, et je conclue en recommandant d'aller faire un tour chez les éditions de La Ville Brûle.

Hélas, telle pesante polémique "maritale" en cours inutilement clivante (et sa charge de phobies plus ou moins latentes) ne facilite pas l'échange ou la subtilité dialogique. D'autant plus de raisons de prendre garde aux raccourcis.

Ainsi, dans un journal que j'apprécie, L'Humanité (pour parler de la manifestation parisienne d'hier et de ses contradictions), lire "Sur une banderole cohabitaient ainsi des citations de Georges Bernanos - écrivain proche de l'Action française - et de Gandhi" m'inspire ces deux choses :

- que faire tenir Bernanos et Gandhi ensemble est au contraire tout à fait possible (même si à moi, l'idée ne viendrait pas**), en tout cas je perçois dans quel sens cela est fait. 

- que réduire Bernanos à l'Action Française n'est pas juste. Quid des Grands cimetières sous la lune, alors ? Et du scandale que ce pamphlet généra précisément dans les milieux "AF"*** ? Très dur de réduire un Bernanos (ou, de façon différente, un Péguy) à ceci ou cela*. Cf la complexité décelable dans l'ensemble en Pléiade.

Bernanos peut laisser indifférent, ou énerver, ou que sais-je... mais soyons juste à l'égard d'un homme qui sut aussi prendre des risques contre lui-même.

* Voir les propos de Simone Weil et Albert Camus ICI.

** Moi, je pense que Bernanos reste brûlant (et difficile à manier du coup) alors que Gandhi, cela peut parfois ressembler à de l'eau tiède. Se reporter à Human Smoke, où certains courriers pacifistes de Gandhi à Hitler laissent pantois. Encore plus naïf que Chamberlain, est-ce possible ? Le vieux  Churchill, certes confit dans l'alcool et terriblement réactionnaire, avait compris, lui ! C'est aussi ce que rappelle Antoine Vitkine dans son essai sur la diffusion et la perception de Mein Kampf : De Gaulle comme Churchill avaient saisi les implications de pareil ouvrage. Et bien sûr, le clairvoyant Trotsky !

*** Sur l'engagement ou le soutien de ces milieux à l'Espagne "nationale", voir notamment Les Brigades internationales de Franco (Via Romana) ou le classique d'Eugen Weber chez Fayard.

Deux découvertes récentes : 

- la compagnie Carmagnole liberté (quelques tenues superbes qui peuvent à juste titre faire fantasmer)

- les éditions des Malassis... qui publient notamment une somme sur l'archéologie du mot communisme aux XVIIIe et XIXe siècles* (en  coédition avec Les Equateurs).

* Ne pas rater la sortie dans quelques mois d'une nouvelle édition (critique et établie par Alain Maillard, Jean-Marc Schiappa et Jean-Numa Ducange) d'un classique devenu difficile à trouver : La conspiration des égaux de Buonarroti, à La Ville brûle. 

Voici un livre original, unique même en langue française si je ne me trompe... Afghanistan : Les victoires oubliées de l'armée rouge, de Mériadec Raffray (Economica). Et ses lecteurs pourront ensuite aller méditer sur ce petit livre du "terrible" Churchill, ou bien aller lire Engels.

* A signaler ce titre, aperçu dans Le Monde diplomatique : La pensée stratégique russe, de Jean Géronimo (Sigest).

Anatole France et le nationalisme littéraire [Le Félin]

Autobiographie de Maman Jones [Les Bons caractères]

Discours de la servitude volontaire [William Blake & Co]

Encyclopédie [L'éclat]

Histoire franco-allemande [Septentrion]

L’Empire comanche [Anacharsis]

La Commune n'est pas morte [Libertalia ]

Le Ciel vu de mon île déserte [Van Dieren]

Le livre du retour [Le bruit du temps]

Le Rhinocéros d'or [Alma]

Le siècle des chefs [Amsterdam]

Le Théâtre de l’effroi [L'Entretemps]

L'échec de l'expédition à saint-Domingue et la naissance d'Haïti [Editions de l'Amandier]

Les pièges de l'histoire [Les Belles Lettres]

No présent [Stock]

Projet de constitution pour la Corse [Delga]

Psychogéographie ! [Les Moutons électriques]

Rio de Janeiro, la ville métisse [Chandeigne]

Rome, regards [Quidam éditeur]

Servir Napoléon [Champ Vallon]

Sorcières [B42]

Thoreau, dandy crotté [Sandre]

Un détail inutile ? [Vendémiaire]

Vanikoro [Au Vent des Iles]

Variations sur un même ciel [La Ville brûle]

Voyages [Corti]

- 6 avril La 22e Journée du livre politique à l'Assemblée nationale... c'est-à-dire l'événement que j'annonce tous les ans sans jamais pouvoir m'y rendre ! Frustrant... mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Ma dernière visite en pareil lieu était pour Rousseau.

- 3, 4 et 5 mai Fête de la CNT parisienne à la Parole errante (Montreuil), de nombreux livres, notamment ceux des éditions Libertalia, et un débat très attendu entre Claude Guillon et Eric Hazan sur la Révolution française. Programme complet ICI.

- 18, 19 et 20 mai Fête de Lutte Ouvrière (dans le Val d'Oise) et ses milliers de livres partout. Des débats aussi, des films, des rencontres, et plein de choses délicieuses à manger.

- 31 mai-1er juin Salon européen du livre d'histoire. Centre Malesherbes-Sorbonne à Paris. Première fois que j'en entends parler, de très bons éditeurs invités en tout cas.

Salon du Livre de Paris à la fin de la semaine... je mets donc ce blog en pause pour quelques jours. Au plaisir de croiser tel ou tel de ses lecteurs là-bas. Les lettres roumaines... une bonne édition en perspective !

Une lecture fascinante et loin des clichés, notamment sur le "bon sauvage" : Little Big Horn. Autopsie d'une bataille légendaire, de David Cornut* (Anovi). J'en reparlerai sans doute un de ces jours, tant cette lecture m'a impressionné**. 

De son côté, dans un petit livre très riche, Darmangeat "décrit des communautés “essentiellement composée d’individus économiquement indépendants, politiquement libres, et armés”, tout en évitant l’écueil de l’idéalisation caricaturale des peuples égalitaires, qui entretiennent beaucoup de violence meurtrière, et surtout, une condition féminine souvent épouvantable", comme l'écrit Gaëlle Cloarec du culturel Zibeline.

Rien de pire que l'idéalisation naïve ou l'essentialisation... qui finit toujours par trahir la confiance en l'unité du genre humain. Tout humain est humain, très humain... parfois trop.

* La relecture de la vision de Palacios et Gourmelen de l'événement prend du coup une drôle de saveur.

** Et en attendant de lire CECI.

Amusant de voir l'un des derniers Livres Hebdo (n°944) trouver les e-books compliqués, chers etc.

Mais pourquoi s'emm... autant, alors qu'il est si simple de franchir la porte d'une librairie, si possible indépendante ? Et tout simple d'y acheter un LIVRE. Un vrai, beau et doux au toucher et voué à résister au temps et aux modes. Et à occuper une place dans une BIBLIOTHEQUE. Qui signe une vie, une pensée, une manière d'être au monde.

Pour ma part, je m'en vais bientôt découvrir la nouvelle librairie bordelaise Le Passeur*.

Et pour le reste... se reporter au pugnace petit livre de Dominique Mazuet chez Delga.

* Repérée grâce audit magazine professionnel, soit dit en passant.

Antonio Labordeta était quelqu'un de bien et de "décent" : je pense à lui en entamant Les mystères de la gauche de Jean-Claude Michéa (Climats). Le chemin trop de fois détourné...