Maurice Nadeau est un grand éditeur - et l'on connaît par ailleurs son parcours humain et politique. S'il recommande* Ma guerre d'Espagne de Sygmunt Stein (Seuil), c'est que le livre doit être bon : Nadeau sait de quoi il parle.

Remarquons cependant que ledit "mythe" n'en est plus un depuis longtemps, pour qui veut bien lire les nombreux témoignages en la matière, émanant des milieux anarchistes, trotskystes, poumistes, etc. Et sans rien retirer à l'élan généreux et à l'effort héroïque, au sauvetage de Madrid par les Brigades, à la bataille de l'Ebre**, etc.

Mais toujours le stalinisme en action, pervertissant les meilleures choses. Le pire et le meilleur mêlés : certes très humain, mais surtout très XXe siècle.

* Info recueillie ICI, l'un des nombreux blogs parlant de culture à Paris que je suis.

** Je croyais ce livre palpitant traduit, visiblement ce n'est pas encore le cas. Schalom Libertad ! d'Arno LUstiger ne l'est pas non plus...

Une petite pause dans le travail... pour fantasmer copieusement sur la page de La librairie archéologique.

Couverture forte et intrigante de ce livre de photos (de Raharimanana et Pierrot Men) : Portaits d’insurgés, Madagascar 1947 (Vents d'ailleurs). Comme un point noir, et particulièrement triste, de notre histoire. 47, c'est aussi de grandes et dures grèves, un peu oubliées elles aussi

Anne-Marie Fèvre (dans Libération lundi) au sujet de "Politique fiction", exposition sur le design à Saint-Etienne : "Chaises ou objets aux formes bizarres, très onéreuses. Voitures écolos dernier cri. Ustensiles high-tech comme l'iPad. Voici le plus souvent les outils que l'on classe en France à la rubrique "design", accusés d'être au service du libéralisme capitaliste. On ignore souvent que cette discipline, dès sa naissance avec la révolution industrielle du XIXe siècle, a d'emblée posé sa relation à la politique et à l'utopie."

(Pas seulement le Bauhaus) Car c'est à peu près ce que je m'étais dit au sortir de l'expo Charlotte Perriand au petit Palais, laquelle m'avait fort impressionné. Inventivité et souci social pour une part de son oeuvre, loin de l'autisme de certains aujourd'hui.

Quant aux dangers qui guettent sans cesse le design - n'être qu'un vague supplément d'âme pour news ou un parent riche de la décoration - c'est une épineuse affaire, qui renvoie à un système d'ensemble et aux marges que celui-ci permet... tout en les intégrant sans cesse pour se nourrir.

En attendant, les designers peuvent toujours lire Beatriz Preciado.

Et toujours, chez Champ Vallon, deux des meilleurs titres du catalogue :

- Le règne de la poire, de Fabrice Erre*

- Le bain de l'histoire, de Guillaume Mazeau**

* Dernier texte paru in La civilisation du journal, ouvrage collectif, éd. Nouveau Monde.

** Dernier texte paru, in Pour quoi faire la révolution, ouvrage collectif, Agone.

En gardant à l'esprit les "crimes, fastes et misères" de l'époque, quelques sorties sur le XVIIe siècle chez Champ Vallon :

- Guerre et paix dans la France du Grand Siècle à travers une biographie

- le nerf, sur le dos des paysans : Financer la guerre au XVIIe siècle

- liée à toutes ces questions, la vie aventureuse de Gaston d'Orléans

Un livre original... j'y reviendrai sans doute : Une révolution inachevée, de... Marx et Lincoln (Syllepse). A lire, juste après L'émancipation des travailleurs, de Mathieu Léonard (La Fabrique).

François Taillandier - avant-hier dans L’Humanité - sait donner l'envie d'aller voir de plus près la jeune librairie du Sandre, « un joli endroit et une caverne aux merveilles. On y trouve Gramsci et Duhamel, La Chanson de Roland et des livres sur le cinéma.  On y trouve (et c’est là, le miracle) tout ce que l’on ne cherchait pas. Il s’y perpétue cette douce civilité qui fait feuilleter avec ravissement, un verre à la main, un livre ancien ou nouveau. Le fondateur est Guillaume Zorgbibe, un homme jeune, souriant, aventureux. Il prouve le mouvement en avançant ; il prouve, en existant, que quelque chose ne veut pas mourir. » Les livres et les librairies, bien sûr.

Librairie du Sandre : 5, rue du Marché-Ordener 75018, Paris

"On te prend, on t'essore, on te jette, on te vire"... comment chantent les Jolie Môme dans "Ya basta". Pour la suite, "tout est possible", disait Marceau Pivert*... quand le contexte s'y prête, bien sûr. Et je ne suis pas cartomancienne.

* Avant de déchanter.

Séances interminables et "sesudas" comme on dit en espagnol, jus de cerveau dégoulinant, heureusement la Compagnie Jolie Môme* m'accompagne un peu, beaucoup, sous le signe de l'histoire. Pour une partie de la nuit, et parce que le désespoir est réactionnaire, donc à fuir.

* Vus en live ICI il y a deux ans.