Une cavalière borgne et passablement martiale, foutue affiche qui ne peut que me mener dans une salle de cinéma, légèrement hypnotisé. J'espère ne pas être déçu par CE FILM.

De Spielberg je n'attends rien de très exaltant, mais j'irai tout de même voir son film de guerre. Je travaille trop sur ces thèmes pour ne pas avoir besoin d'images, de sensations et de stress, même en provenance d'un film raté.

Et je signale au passage ce festival dionysien.

Cela se passe à l'Assemblée nationale ce samedi 4 février.

Bernard Joubert a l'amabilité de me signaler ce festival toulousain "Zoom Arrière", sur les films interdits. Un beau programme annoncé et une occasion de (re)voir, sur grand écran, "Derrière la porte verte". Sur ce film, ses coulisses, Marylin Chambers etc., des pages très riches à lire dans The Other Hollywood (Allia).

Crises d'angoisse et insomnies suite au FIBD, rien que de très normal !

J'en reviens avec plein de bonnes choses, mais aussi à demi étouffé par la foule. Un festival victime de son succès quantitatif et du trop-plein. Mais aussi d'un certain nombre d'acquis et de sédimentations.

Il faudrait repenser tant de choses que les bras m'en tombent (sur cet excellent livre pour nuit agitée : Etienne de Polverel libérateur des esclaves de Saint-Domingue, aux éditions Les Perséides*). Et en panser pas mal aussi.

Avec en fond sonore, la télévision bolivarienne aux présentatrices sublimes TeleSur, je relis un court texte de Claude Lanzmann : "Saint-Simon, par ses Mémoires, sauve littéralement le siècle de Louis XIV**. Que nous en resterait-il sans son acharnement ?"***

Et qui s'acharnera pour nous, pauvres vivants ?

* Après cette lecture, je recommande la biographie de Toussaint Louverture par Madison Smartt Bell. Je suppose évidemment connu ce classique d'Aimé Césaire, l'un de ses grands livres. Au moment où l'on voudrait nous faire croire que la colonisation (au sens large), n'était que roses et joies... ce ne sont pas là lectures inutiles.

** Bien plus que Voltaire ! Sur ce point précis aussi, on peut aller lire La grandeur. Saint-Simon, de Jean-Michel Delacomptée (Gallimard). Où il se confirme que Jean-Bertrand Pontalis est un directeur de collection avisé.

*** Claude Lanzmann, "Saint-Simon, la guerre à la mort", in L'Infini n°109, Hiver 2010.

Plaisante lecture, en général en compagnie du Monde, même loin de Paris (et de celle auprès de qui les lire était un bonheur de la proximité des corps et des esprits), celle du bien nommé Journal du dimanche*.

Dans le JDD, ce jour, un entretien sincère et délié avec l'écrivain et ambassadeur Daniel Rondeau**, arrivant à l'Unesco pour y représenter la France : "Il y a toujours une attente de la France : notre pays bénéficie d'un prestige que nous ne soupçonnons pas, le gaullisme, la littérature - de Victor Hugo à Le Clézio - et Jean-Luc Godard. On rencontre beaucoup d'étrangers qui aiment la langue française plus que nous-mêmes."***

Dont acte, adressé aux déclinistes et pessimistes intéressés à nous faire descendre quelques marches encore, en jetant par dessus la manche tout le beau et bon de ce qu'il y a eu avant nous et pour nous.

* Et son édition du samedi, tôt abandonnée, n'aura guère convaincu : c'était quand même un animal à trois pattes qu'un journal "pré-dominical" du samedi ! En pleine crise de la presse, pourquoi s'affoler et tenter tout et n'importe quoi, au lieu de creuser avec sérieux un sillon lorsqu'il est bon ? Ainsi, la crise du quotidien espagnol Publico, plombé en partie par son étrange politique de vente "forcée" à prix augmenté (plusieurs euros plusieurs jours de la semaine) avec livres, cds ou dvds ! Un comble pour un journal lancé à 50 cts. Les gros lecteurs de presse, exigeants, ne sont pas des vaches à lait, et un lecteur déçu s'arrête tout simplement d'acheter, et va voir ailleurs. La sobriété et la densité du Canard enchaîné, pour 1,20€, la richesse et la profondeur du Monde diplomatique pour 4,90€, voilà sans doute deux exemples à suivre.

** Rien lu encore de Rondeau, à part quelques articles. Je vais sans doute me laisser tenter par son Malta Hanina (Grasset).

*** Un bon exemple antan... avec le général Giap lui-même ! Cf cette biographie "à l'anglo-saxonne" (Phébus). Sur Giap, ne pas rater ce petit livre aux éditions Aden.

Celle-ci est indéniable*, et il serait bon qu'enfin, au minimum, Marx comme Bourdieu** soient appréciés pour les apports de leur pensée, en dehors des clichés et anathèmes divers. Des pensées à connaitre, à travailler, des outils. Un patrimoine intellectuel commun.

Voici une conférence organisée par l'association "Université en campagne" d'Angoulême :

Mercredi 25 janvier à 18h à la MJC Louis Aragon de Ma Campagne, Jean-Numa DUCANGE, Maître de conférences en Histoire contemporaine à l'université de Rouen viendra parler de "La vitalité de la référence à Marx dans le paysage politique contemporain". Rencontre débat animée par MH Boutet de Monvel et MH Popelard.

* Même Le Monde s'y met, avec ce hors-série "Karl Marx l'irréductible".

** Cf l'éditorial récent dans Libération de Sylvain Bourmeau et Nicolas Demorand  (5 janvier 2012) : "il fut d'abord et avant tout un militant de la science. Un sociologue ayant (ré)inventé cette discipline. Un chercheur capital dont les travaux sont cités et discutés dans le monde entier, avec une intensité dont le grand public ne prend pas toujours la mesure en France..." La sortie du cours au Collège de France rassemblé dans Sur l'Etat (Seuil) semble permettre une évaluation plus sereine, moins encombrée ou partisane, de l'oeuvre de Bourdieu. Espérons que cela se poursuive. A signaler le numéro "spécial Bourdieu" dans L'Humanité lundi.

Tout juste acheté ce numéro 344, dense, épais, passionnant, des Annales Historiques de la Révolution Française, la revue de référence sur le sujet, n'en déplaise aux amateurs de livres noirs.

Un numéro de 2006, utile ne serait-ce que pour apporter d'autres noms à ceux qui ne jurent que par Olympe de Gouges ou par Charlotte Corday. Sans rien enlever à ces deux-là* du reste, ou à la belle anglaise royaliste immortalisée par Rohmer.

Les noms par exemple de Pauline Léon**, Louise de Kéralio ou Mary Wollstonecraft***. 

* Guillotinées pour des actes politiques concrets de leur part, ne l'oublions pas, et non pour des caprices de dirigeants révolutionnaires ivres de sang. Laissons ces images aux bonheurs comiques de la caricature d'époque, notamment anglaise.

** On pourra prolonger cette lecture de l'article à elle consacré par Claude Guillon, par un livre du même : Notre patience est à bout (IMHO).

*** A comparer à Grace Elliott : on a là deux polarisations possibles de l'opinion publique anglaise sur la Révolution française. Pour Grace, la fréquentation d'un "animal politique" aussi étrange que Philippe-Egalité, n'aura pas été de tout repos !

[Jean-Claude Michéa a décidément du pain sur la planche concernant la "décence ordinaire"]

Une bien étrange initiative... que les Japonais seraient en droit de prendre pour une insulte. Offrir à des enfants de Fukushima un séjour en France, comprenant une visite au Louvre, aurait tout de même un autre sens.

Une exposition à ne pas rater, sur Gorbatchev and co et leur magnifique "foirage géopolitique" : c'est "URSS fin de parti(e). Les années Perestroïka", aux Invalides à Paris.

Dirigé par Martin Aurell et Catalina Girbea, un dense recueil de contributions sur un thème qui doit être livré au travail de l'historien et non aux images d'Epinal (gardons celles-ci pour les enfants, elles ne sont pas inutiles) : Chevalerie et christianisme (PUR). Tout cela vaut mieux que le carton-pâte.