Merveilleux INA qui permet de retrouver ce moment étonnant, Valéry Giscard d'Estaing entonnant avec sa voix particulière et chuintante le Chant du Départ au cours de la campagne de 1974 (pour un autre aperçu de la campagne, cf le célèbre documentaire de Depardon).
Le chant révolutionnaire, fils de l'an II emporté et comme confisqué par Napoléon Bonaparte, sonne sans doute un peu violent à nos oreilles pleines de ouate et d'hypocrisie. Déjà que La Marseillaise, chant des Droits de l'Homme et de l'Egalité, semble écorcher les oreilles post-modernes.
Invité par Bibliothèque Médicis (avec l'historien Thierry Lentz), l'ex-président vient y parler de son uchronie napoléonienne. Je ne suis pas sûr que le placement de la divergence uchronique à Moscou soit la bonne, mais cela se discute évidemment (de quoi nourrir des kriegspels durant les prochains siècles, quant à moi j'ai prévu de relire Clausewitz en 2011).
Que vaut Le retour de la grande armée (Plon) ? Je n'en ai pas la moindre idée, mais c'est une énigme que j'irai prochainement ouvrir en bibliothèque municipale. Par le croisement de la personnalité de son auteur et du sujet, par ce que l'un pense de l'autre par exemple, et comment l'autre resitue l'un, ce ne peut être que lecture d'intérêt.
A noter que si j'ai trouvé sous le sapin quelque lecture sur l'époque napoléonienne... il n'y avait pas ce roman-là.
Et pour ceux, dont je suis, qui ne pourront pas se déplacer à Bonn pour l'exposition "Napoléon und Europa. Traum und trauma", il faudra attendre 2012 pour une présentation partielle à Paris. On peut pour le moment se consoler en allant visiter "L'heure, le feu, la lumière 1800-1870. Bronzes du Garde-Meuble impérial et royal" à la Galerie des Gobelins.
Epoque qui se cherche et court, interrogative et craintive, derrière la silhouette trapue de Napoléon : voilà qui est passionnant.