Désépinalisation subie
Pour son portrait du jour dans Libération, Natacha Polony n'oublie pas Robespierre : "Les Français ne partagent plus les images d'Epinal du vase de Soissons ou du baptême de Clovis, de Robespierrre à la Convention ou de Napoléon à Austerlitz mais les déboires de Loana dans sa piscine."
Qu'on l'aime ou pas, sa place centrale, son lien intrinsèque avec la France et la République (cf les mots de Pierre Serna durant le débat sur les "papiers Robespierre" au cours de la Fête de l'Humanité), doivent être reconnus. Un homme aussi intelligent que Bonaparte ne le niait pas, à sa façon. On ne célèbre plus Austerlitz, le Chant du Départ doit sembler une anomalie de fin de banquet, on s'ennuie !
De la même manière, la place de Louis XIV dans l'histoire de France doit être préservée sur un plan intellectuel, interrogée, critiquée : ce ne peut être une enveloppe creuse pour vendre je ne sais quelle image prestigieuse. Idem pour la pauvre Marie-Antoinette, glacée dans la bonbonnière de Sofia Coppola, aseptisée, bling-bling-isée et dépolitisée.*
L'historiographie n'a jamais été aussi passionnante, la mise à disposition de documents et correspondances abonde, les disciplines discutent et se traversent, s'interrogent sur elles-mêmes, tous les débats sont possibles : du sérieux et de l'honnêteté intellectuelle et "ça ira", comme disaient les sans-culottes.
Je retourne sur ce pas, avant quelques travaux de force, terminer l'excellent - et consolateur - ouvrage de Françoise Hildesheimer : La double mort du roi Louis XIII.
* La collection d'ouvrages dirigée par Max Gallo au Figaro - qui veut contribuer à "ranimer le roman national" - comptera un Marie-Antoinette, un Napoléon... et un Robespierre et Danton ! Très classique tout ça, mais on peut offrir ce genre de livre à ses nièces et neveux, pour donner l'envie d'aller plus loin. Je me procurerai sans doute le Robespierre et Danton, ne serait-ce que par curiosité.