Du Ham aux Tuileries... la route est longue !

Avec un premier livre (succédant à plusieurs articles publiés et une thèse soutenue), l'historienne Juliette Glikman commence fort : Louis-Napoléon prisonnier. Du fort de Ham aux ors des Tuileries (Aubier*) est aussi construit, maîtrisé que bien écrit, sans sécheresse de langage... et avec même un arrière-parfum d'humour qui se prête bien au contexte. Les aventures de Louis-Napoléon après Boulogne, lieu symbolique d'un grave échec de son oncle** sont en effet très "Pieds Nickelés" avant l'heure. Après les demi-soldes et les vieilles moustaches, la voie était tracée pour les "ratapoils" !

[Et en dehors de ces héros de l'Empire, le livre apporte beaucoup de choses sur la constitution ou les coulisses du phénomène curial, cf par exemple Persigny]

Venant après la relecture récente d'Histoire d'un crime (Abeille & Castor), ce livre offre bien des raisons de l'engouement de 48, ce que le livre "de combat" de Victor Hugo laissait évidemment de côté. L'extinction du paupérisme était alors loin et le cadavre de Baudin pas totalement refroidi.

Voilà en tout cas comblé un creux dans les bibliographies sur les deux Napoléon, et une historienne à suivre. 

Trois centaines de pages, un excellent cahier iconographique faisant la part belle à la caricature... que demander de mieux ?

* Dans son excellente "Collection historique" dirigée par Alain Corbin (dont Mme Glikman est dans ce livre bien l'élève, sur les traces notamment du Miasme et la jonquille ou de L'harmonie des plaisirs) et Jean-Claude Schmitt. 

** Après tout, ce dernier n'a jamais réussi à envahir l'Angleterre, même avec des sous-marins ou des radeaux remplis de loups (si si, ce genre de projets a existé!), "l'invasion" ratée de la France par le prince venu d'Angleterre s'offrant en un curieux miroir un peu ridicule, dont les contemporains étaient conscients.