Lu en bibliothèque très récemment et en la meilleure compagnie, dans le numéro 125 de la revue Pouvoirs, consacré à "L'armée française", l'article de Samy Cohen, du CERI... bonne analyse (p. 21) de la "démission" des dirigeants politiques durant la Guerre d'Algérie et de la constitution, en partie par défaut, d'un pouvoir militaire.

Avec les terribles conséquences que l'on sait, y compris pour tant de "soldats perdus de l'Empire" (voir le cinéma de Schœndœrffer). La IVe République et la décolonisation... quel désastre et quel gâchis !

Mais cela est derrière nous à présent, notre temps est celui du post-colonial. Où tout doit pouvoir être regardé ensemble, avec sérénité mais sans ornières. Je pense que la publication récente des ouvrages de Pierre Daum (Actes Sud) et de Guy Pervillé (Vendémiaire) y contribuent. 

Le lien est subtil mais il existe... vers Conan le Texan, aux Moutons électriques. Angoisse et surnaturel. Et la matrice de tout cela.

Cette semaine passée. Une nuit particulièrement sombre, l'envie de se laisser porter, simplement porter et de retrouver des choses pures et simples de l'adolescence. Evidemment une tentative vaine, mais prise dans les filets d'un bonheur évanescent. 

Tout cela entre les pages de La maison au bord du monde, de W. H. Hodgson. Peu lu Hodgson, contrairement à Poe ou même Dunsany parmi les sources d'inspiration du grand et tordu H. P. Lovecraft. Terre de Brume a beaucoup publié Hodgson en France, il suffit de regarder.

Et voilà qui tombe juste et à temps pour moi : les éditions Pierre-Guillaume de Roux remettent à disposition du public le célèbre essai dudit Lovecraft, Epouvante et surnaturel en littérature, lu en bibliothèque il y a très longtemps et introuvable. Un texte intéressant... et d'abord pour comprendre Lovecraft lui-même.

On est le lecteur de son âge, de son expérience, et rien d'autre que cela : c'est bien ainsi, on n'est pas blasé, juste moins accessible aux effets. Et Dieu sait que Hodgson comme Lovecraft ne lésinent pas sur les effets !

A noter que s'il existe un essai croisant le traitement du christianisme chez Hodgson ET Lovecraft, je serais très curieux de le lire, les ressemblances sur ce point s'avèrent frappantes.

C'est mieux de trouver les anciennes éditions, et cela peut se faire à peu de prix, en brocante ou chez les spécialistes (par exemple l'excellente librairie Dupeux à l'Isle d'Espagnac en Charente*), mais enfin, puisque je tombe sur ces Chefs-d'oeuvre de la la littérature jeunesse (chez Bouquins), autant les signaler.

A noter aussi qu'au sein de leur bien utile collection "Le rayon vert", Les Moutons électriques rééditent la trilogie de Zenda. Grand roman et que de suites dans les imaginaires !

Si ce livre d'Umberto Eco a eu autant de succès, ce n'est pas pour rien... Histoire de l'Occident et livre jeunesse. Qui produira (ou traduira) une histoire critique des effets des romans de Karl May ?

* Il est aussi sur le net ICI, mais la richesse de sa boutique physique comme la qualité de son conseil méritent le déplacement.

Vu l'état du monde (élections françaises, attentat de Bruxelles...), voici de quoi se réjouir un peu et prendre un peu de recul salutaire. Foin des chatons, vive les oursons ! Une royauté déchue ? Anthropomorphe qui peut.

Grand livre que Badenheim 1939, un texte qui marque son lecteur et bien construit (au Seuil). Ceux qui seront sur Paris et disponibles auront la chance de pouvoir rencontrer Aharon Appelfeld au MAHJ lundi soir. A l'occasion de la sortie d'Adam et Thomas (à L'Ecole des Loisirs).

La Croix (pour les clubs de lecture) et L'Humanité (pour François Taillandier).

Ma fibre écolo trouve beaucoup de choses sur le site Reporterre, initié par Hervé Kempf, ex-journaliste du Monde justement (c'est le journal qui a perdu en l'excluant et non l'inverse). Tri sélectif à faire parmi les articles évidemment, mais parmi les choses qui m'intéressent, la notion de "projet inutile".

Pourquoi continuer à acheter Le Monde, malgré sa crise structurelle et éditoriale, malgré l'accentuation de son tournant libéral, malgré la parole trop souvent accordée à des intellectuels médiatiques, malgré une certaine frivolité parfois ?

Dans l'édition datée mercredi, on trouvera un article sur la réintroduction du bison dans les Carpates roumaines et un dossier sur l'ambre et la conservation des insectes. C'est en tout cas ce qui m'a déterminé à l'achat ce jour en province. De quoi exciter la curiosité tout en offrant un traitement sérieux des sujets.

Mais il ne faut pas trop "jouer" avec le lectorat du Monde, sa patience a des limites. Beaucoup de gens de mon entourage (dont des abonnés) attendent tout comme moi un sursaut du journal. Si l'on veut rester une référence ou en tout cas y prétendre...

Je ne peux résister, malgré l'ironie balzacienne : "Mais, monsieur, Louis XIV a fait périr plus d'hommes pour creuser les aqueducs de Maintenon que la Convention pour asseoir justement l'impôt, pour mettre de l'unité dans la loi, nationaliser la France et faire également partager les héritages, disait Massol, un jeune homme devenu républicain faute d'une syllabe devant son nom." (livre cité juste avant, même édition, p. 81)