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BENITORAMA

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11 février 2009

Varia 354

Les Annales Historiques de la Révolution Française tiennent haut le flambeau de l'historiographie révolutionnaire, et je reçois avec joie le n°354 de la fin d'année 2008. Une présentation de la thèse soutenue par Guillaume Mazeau en 2007 sur Charlotte Corday et l'attentat contre Marat, l'article de Jean-Numa Decange sur comment fut lu en France l'ouvrage de Kautsky La lutte des classes en France en 1789 (que je possède sous forme de brochure plutôt miteuse, argh*), un article de Déborah Liébart sur le club Massiac, dans la foulée de l'excellent essai de Debien** lu antan en bibliothèque et beaucoup, beaucoup d'autres choses, la richesse et la diversité des numéros "Varia" est connue. Près de 300 pages intelligentes pour à peine 15€... qui a dit que les livres étaient chers ?

(A noter qu'est annoncée la publication de ladite thèse de Guillaume Mazeau pour 2009, sous le titre Le Bain de l'histoire. Charlotte Corday et l'attentat contre Marat (1793-2009), chez Champ Vallon, maison sérieuse)

Et, pour ne pas ouvrir d'autre post, je note ici ces réflexions de Marc Augé, dans Domaines et châteaux (Seuil) que je lis présentement : "Rêve d'aristocrate qui a succédé chez nous à 1789 ou que 1789 a créé peut-être : d'une maison (une lignée) dont le nom se perpétue et l'identité se reproduise à partir d'un lieu immuable (une demeure)." C'est ma foi tout ce qui grouille dans "La Comédie humaine", les personnages triturés d'instabilité se prenant les pieds dans l'échelle sociale et tentant de se fixer, mélange explosif d'aristocratie dévastée et de bourgeoisie parvenue, par la terre et les immeubles.

* Qui en fera une édition moderne, scientifique, accompagnée d'un appareil critique conséquent ? D'autant plus nécessaire que la connaissance du marxisme, de son langage et de son outillage conceptuel a bien régressé, évidemment.

** Armand Colin pourrait tout aussi bien le rééditer, avec, par exemple, une préface de Déborah Liébart...

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11 février 2009

Pour écarter un instant la nuée

En dehors de la sphère de l'hyper-actualité se dévorant elle-même dans un sac sans fonds agité d'un bougisme épileptique, le net peut réserver de bonne surprises. Si on l'utilise par exemple comme une tour d'Alexandrie bâtie sur fondements de sable.

Exemple, je ne lis que maintenant ce petit dossier orné de vidéos et témoin d'une soirée d'il y a bientôt trois ans, consacré à la collection littéraire d'Ego comme X.

Quand Lionel Tran s'interrogeait en disant "Peut-être que le fait que le livre soit publié par Ego va lui permettre de rencontrer d'autres lecteurs", je ne peux qu'acquiescer : je fais partie de ces lecteurs qui n'auraient sans doute pas connu Sida mental autrement, même si je suis (un peu de loin) les activités de Terre noire. Un livre qui se détache dans la folle surproduction actuelle, et qui garde sa force intacte, d'où souffle un vent brûlant.

Lire quelques auteurs vivants, tout de même, c'est garder l'impression de ne pas être soi-même un cadavre de témoignage. Je me rassure comme je peux, avant qu'une Pléiade ne fracasse ma tête en équilibre instable.

Et comment se repérer dans ces tonnes de livres qui circulent comme des toupies entre la fabrication et le pilon ? Prendre un auteur, le détacher de la foule grondante et le garder au chaud, suivre son activité et attendre.

Me moquant de toutes les rentrées littéraires, je sais au moins qu'ici ou là, on ne se fout pas de ma gueule.

Nuage de mouches du désespoir, vacuité et ennui, médiocrité des temps de Restauration, fils sur-désenchantés de Fabrice, Lucien, Julien : quand on peut percer la nuée, on ne s'en plaint pas.

6 février 2009

Exposition EUROPA à Angoulême

Vendredi prochain, le vernissage de l'exposition EUROPA, à l'Espace Franquin d'Angoulême, salle Iribe, à partir de 18h00. Exposition commune (photos et dessins) de Carole Sionnet et PieR Gajewski. Construction mouvante d'une ville autocentrée, nomadisme et repos, utopie urbaine et incarnation sociale, etc. etc.

21 janvier 2009

Deux nouveaux titres sur la Révolution française

Sortie d'un lexique du parfait petit hébertiste, où je retrouve pas mal d'expressions connues en Archives, ce Parlez-vous sans-culotte? Dictionnaire du Père Duchesne 1790-1794 de Michel Biard (éd. Tallandier).

Sortie, également, du livre de Anne Simonin, Le déshonneur dans la République. Une histoire de l'indignité. 1791-1958 (éd. Grasset).

19 janvier 2009

"Leurs âmes tremblent dès que l'on prononce ce mot : l'année 1793 !"

Acheté L'Humanité ce jeudi pour cet article de Rosa Luxemburg sur la Révolution française, hélas incomplet. N'ayant pu en faire part ici à sortie du journal, le site Révolution-française.net me sert de session de rattrapage online. Suivre donc ce lien vers le dossier paru dans le quotidien.

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6 janvier 2009

Charlotte, soyez bénie !

Je déjeune tardivement devant Chouans !, attendrissant pudding à clichés vaguement pompé sur Victor Hugo. Cela faisait bien longtemps que je n'avais vu ce film. On pourrait en quelque sorte le situer aux antipodes du Danton de Wajda mais il se laisse regarder... avec paresse.

(Le moment où un prêtre non-jureur empêche de justesse une petite sauterie en hurlant "Sodome ! Sodome !", vaut son pesant d'assignats)

Il dit tout de même pas mal de choses, ainsi quand Aurèle arrache l'arbre de la liberté. Et la belle scène de confrontation entre père et fils où, dans la bouche de de Philippe Noiret, c'est la voie médiane qui se dit et qui parle, celle qui somme toute fut celle du bicentenaire officiel. Mais "vouliez-vous une révolution sans révolution ?"

Reste que la brigande contre-révolutionnaire Olympe de Saint-Gildas, merveilleuse Charlotte de Turckheim, chargeant cheveux au vent avec ses grands chiens noirs mangeurs de républicains, reste à jamais un sommet d'érotisme politique.

18 décembre 2008

C'est encore "Boire" qu'il faut lire

Une bonne surprise tombée du ciel en mes blanches mains pas assez calleuses-c'est-la-crise-madame : le Boire de Fabienne Swiatly.

(Un petit extrait, un des passages les plus "justes" : "Je bois et je m'ennuie. Sur un carnet, j'écris que boire met le temps à la verticale. Pourtant avant l'emportement, avant la nausée, avant le trop plein, cette sensation unique d'être en lien avec le monde, que dieu existe ou que son absence importe peu. Et ignorer l'effondrement de tout à l'heure. Le corps oublieux. J'arrête de boire et me remets à fumer")

Lu ou à peu près dans la nuit, le livre tient ses promesses, on ne marche pas à l'esbrouffe chez Ego. Reposant en ces temps troublés et incertains. Il faudra poser des pierres milliaires comme ça, ou bien les esprits tourneront comme des tables de Jersey.

30 octobre 2008

Le Monde diplomatique et Olympe de Gouges

Pour finir dans la thématique, je signale que Le Monde diplomatique de novembre contient un supplément Olympe de Gouges, curieusement intitulé "une femme du XXIe siècle", en lien avec le colloque de l'Unesco du même nom, à venir les 14-15 novembre à Paris.

Face à Olympe de Gouges, condamnée pour ses menées girondinisantes et sa volonté de stopper l'élan révolutionnaire, on pourrait tout aussi bien mettre en avant la figure de Claire Lacombe, femme révolutionnaire, progressiste et pré-féministe.

Mais toutes deux étaient des femmes du XVIIIe siècle, pleinement cela et rien d'autre que cela, n'oublions pas cette évidence.

30 octobre 2008

"Les temps composés de l'économie" - AHRF n°352

En attendant la livraison d'automne, je viens de recevoir le n°352 des Annales Historiques de la Révolution française, consacré à l'économie. J'avoue qu'en ce moment les questions économiques m'exaspèrent un peu, alors je vais laisser le dossier central pour plus tard et fouiller dans les notes de lectures. On y parle de Bentham, Hobsbawm, Zizek, Burke, des frères de Maistre et du Théâtre de l'Odéon entre autres choses. Et de Robespierre, comme il se doit.

Entre deux lectures des AHRF, on peut bien sûr se promener sur ce site.

Lire Les Lettres françaises, qui accordent une attention importante à la Révolution, ainsi le numéro de février au dossier consacré à Saint-Just.

Ou bien faire un tour à la Boutique de l'Histoire.

30 octobre 2008

Carmen Cru, mémoire profonde de la Révolution

De passage dans un endroit cher où je stocke aussi des livres, je relisais cette nuit la collection complète des "Carmen Cru", l'oeuvre maîtresse du trop jeune disparu Lelong (éd. Fluide glacial) et je constatais combien, face à d'autres bandes dessinées, celles-ci avaient peu vieilli. C'est que cet univers s'avère assez intemporel, constitué de restes persistants de moeurs et pensées du XIXe siècle et du pompidolo-giscardisme. Lelong construit avec intelligence d'album en album, autour de la figure de l'horrible vieille dame, saynètes, personnages, situations et dialogues. Souvent drôlissimes les dialogues d'ailleurs mais aussi porteurs et révélateurs, du fait d'un humour cruel et éminemment "social".

La première histoire de l'album Ni Dieu ni maître voit arriver un "nouveau" locataire dans l'immeuble miteux qui jouxte la maisonnette de Carmen Cru. Il s'agit d'un duc tombé bien bas, ruiné par les dettes de jeu, et croyant trouver en la mère Cru une incarnation du "bon peuple" (il devait avoir trop lu La Varende). N'appréciant guère l'invasion de meubles qui se produit dans la cour - le malheureux étant passé d'un château à un 25m² - elle règle cela de la façon que tant la couverture comme le titre laissent prévoir : en pétroleuse post-communarde. Et héritière des incendies de châteaux de l'été 1789, car c'est là ce qu'elle fait, très explicitement*.

Avec des mots simples : "Je pensais pas qu'y avait encore des gens de cette espèce, faut qu'ils continuent à semer la pagaille. [...] Je croyais qu'on leur avait tous coupé le cou autrefois, mais y a de la négligence partout."

Carmen Cru témoigne par là - grande intelligence de Lelong qui cristallise cela en quelques pages - de la profonde imprégnation de l'événément révolutionnaire et de sa signification émancipatrice dans les classes populaires, ouvrières et paysannes au XXe siècle.

* Comment ne pas penser, de manière détournée certes, à "L'Anglaise et le Duc" de Rohmer, où le mobilier joue une si grande place, puisque contenu dans des décors de para-théâtre ? On le sait, le duc d'Orléans termina bien mal, après avoir été passablement ridiculisé en papier... lui aussi.

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