Un livre qui détruit les clichés sur le mouvement luddite, et le rattache à bien autre chose que la simple technophobie (par exemple aux sans-culottes parisiens). La formation de la classe ouvrière anglaise... pour reprendre un titre célèbre*.
Une lecture exaltante, un livre très bien édité, une iconographie riche, de nombreux textes luddites, un prix très correct : que ferions-nous sans les éditeurs indépendants ? Ici, il s'agit de L'Insomniaque (qui édite conjointement les Ecrits de combat de Shelley**, le "gendre" de Godwin).
Tout lecteur d'Orwell devrait apprécier ce livre, sa pensée en irrigue d'ailleurs subtilement les pages.
Quant à la "Merry England", pour s'en faire une idée... lire les premières pages du Seigneur des anneaux : la Comté en claire transposition nostalgique de Tolkien. La fin du cycle voit d'ailleurs les hobbits se muer... en quasi luddites !
* On peut aussi relire Engels, même s'il un peu passé à côté de ce que représenta réellement le luddisme. Il me semble que c'est épuisé aux Editions Sociales, mais il y a une édition Science Marxiste de disponible. Enfin, pour la "préhistoire" du mouvement luddite et la défense angoissée de la "Merry England"... de belles pages dans Une brève histoire de l'Angleterre, de Chesterton (L'Age d'Homme).
** Dans le livre sur Ludd, les lignes sur le rattachement de la figure de Frankestein à une sympathie du couple Shelley pour les luddites sont particulièrement lumineuses. Tout comme celles consacrées aux poètes romantiques et à leurs sympathies révolutionnaires.