César, un pays intellectuel
La lecture qui va accompagner ces quelques jours à venir, très dense et prenante, et riche de récompenses : le Jules César de Carcopino (Bartillat). 600 pages, cela permet de s'installer et de conquérir un pays intellectuel éphémère, en rapport singulier à l'auteur mort. Sans circonvallation ni contrevallation.
[Sans d'autres limites que la mort : du sujet, de l'auteur, du lecteur. La mort qui plane sur nous, qui ronge l'esprit et les os, et que Jésus, nous dit-on, serait venu vaincre]
Depuis les Lumières surtout, une cosmopotique de l'intelligence est ainsi possible, précieuse mais fragile. Le livre de papier y participe, en est condition*. Pour preuve, ce petit bijou de Walter Benjamin, et les conditions de sa première diffusion. Boucle des Lumières dans les ténèbres nazies.
Quand la flamme vacille et se rallume, ce n'est pas pour brûler un livre, mais pour le lire quelque part, tout à la fois seul et très accompagné. En secrète et délicate sympathie avec d'autres lecteurs présents et à venir. Une communauté des vivants et des morts tout autre que celle de Barrès.
Car si j'écris vivant, c'est pour les lecteurs vivants qui me liront, moi mort. Surtout pour eux.
* C'est ce qui anime mes amis de la revue Pré Carré.