Un volume de 1300 pages, les Oeuvres complètes d'Isaac Babel, voilà ce que l'on devra à cet éditeur délicat et fin qu'est Le bruit du temps*. Une belle occasion de relire Cavalerie rouge... et de découvrir le reste d'une oeuvre majeure, étouffée comme tant d'autres dans la nuit stalinienne.

* On leur doit notamment Voyage au pays des Ze-Ka, de Margolin.

Le site Révolutionfrançaise.net s'avère indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à la "Grande Révolution", il a notamment l'immense mérite de tenir au courant des publications et événements internationaux.

Avec cette note, on se trouve alléché par The slave ship. A human history, de Marcus Rediker (une très complète présentation de l'historien ICI).

Cet ouvrage n'est pas encore sorti en France, j'espère que ce sera bientôt le cas. Rediker, publié en France par Libertalia et Amsterdam, mérite d'être connu et lu. Par-delà les clichés disneylandisés sur la piraterie.

Guy Mollet n’a pas très bonne réputation et Denis Lefebvre, à la tête de l’O.U.R.S., s’emploie non à le réhabiliter - la tâche est trop ardue - mais à en complexifier la réception biographique.

Après la biographie et le livre consacré à la torture, voici un moment-clé de la vie politique de Mollet au pouvoir, avec la guerre d’Algérie, l’affaire de Suez. On y trouvera des documents inconnus, nombre  de révélations… et la plus étonnante de toutes : la proposition faite par Mollet à l’allié anglais d’unifier les deux pays voire de faire rentrer la France dans le Commonwealth, sous l’autorité de la reine Elisabeth ! (p.72 et suivantes)

De quoi s’étrangler en lisant ça ! Français, républicains, encore un effort !

* A mettre en lien avec cet autre, tout récent.

Merci à Laurent Bourlaud, illustrateur de la couverture, qui m'a gentiment offert Le poète et les fous de Chesterton (L'Arbre vengeur), l'occasion de commencer à lire cet auteur. Pas sûr d'aimer, mais curieux de le vérifier.

Bonne nouvelle pour le travail et le plaisir de la pensée (souffrir, jouir, tout cela mêlé) : la publication en français de textes inédits de Hannah Arendt. Une nouvelle traduction de On revolution doit aussi sortir prochainement, je la signalerai ici.

Par pitié, quand donc un éditeur français ou francophone pour traduire ce livre si important de l'américain John A. Lynn ?

Un débat consacré à la question "Comment écrire l'histoire de France ?" réunissant des gens aussi différents qu'Alexandre Adler et Sophie Wahnich, on ne voit pas ça tous les jours. Lecteur de Wahnich (et certes pas d'Adler), je suis plus que tenté... il s'avère en plus que le lieu est très agréable, un des meilleurs petits cinémas parisiens (j'y ai vu "Pater" et "Ludwig"). C'est un séminaire organisé par la revue La règle du jeu (magnifique photo de Joyce en couverture du n°47). A noter la présence également de Christophe Prochasson, et celle d'Alexis Lacroix en animateur du séminaire.

Du numéro 114 de la revue Cahiers d'histoire, consacré aux "Réceptions de Marx en Europe avant 1914", j'extrais ces lignes d'introduction dues à Jean-Numa Ducange (je rajoute évidemment les liens hypertexte) :

"Osera-t-on dire que les choses sont en train de changer ? Assurément, l'histoire du socialisme intéresse de nouveau : outre l'équipe réunie autour de la Grande Edition Marx-Engels, qui vise à offrir une édition intégrale des textes des deux hommes, et quelques séminaires autour de Marx et des marxismes, on constate que ce n'est pas le seul Marx et ses épigones les plus célèbres qui bénéficient de la conjoncture actuelle, mais bien tout un ensemble d'auteurs et d'acteurs de l'histoire du socialisme depuis ses origines dans la première moitié du XIXe siècle. Depuis quelques années, plusieurs éditeurs rééditent des textes d'avant 1914 sur les différentes variantes de socialisme, marxisme, anarchisme... Citons les éditions Agone (publications d'écrits anarchistes et syndicalistes révolutionnaires et premiers volumes d'une édition des oeuvres de Rosa Luxemburg en partenariat avec le collectif Smolny), Demopolis (édition récente de textes croisés de Karl Kautsky et Jean Jaurès sur la Révolution française), les Editions sociales (édition de la GEME et d'autres textes à venir), dans une certaine mesure les éditions du Bord de l'eau avec notamment la collection "Bibliothèque républicaine" de Vincent Peillon, enfin La ville brûle qui annonce une collection "Marx XXI" avec quelques classiques socialistes et "pré-marxistes" ainsi que des essais originaux. On en oublie ici, mais les textes (ré)édités sont de plus en plus nombreux. Sans même mentionner d'autres "grandes" maisons qui, jusqu'à une date récente, ne plubliaient plus de textes sur ce thème !"

Suivent des considérations sur la difficulté à "tenir" tous ces auteurs ensemble, mais l'immense richesse produite par ce travail de publication et de mise à disposition intellectuelle reste l'essentiel : "il faut relire et retrouver tous ceux qui, marginalisés longtemps par quelques "classiques du marxisme", ont été oubliés au XXe siècle."

- "Au royaume d'Alexandre le Grand" au Louvre (Paris)

- "Les messages secrets du Général de Gaulle - Londres 1940-1942" au Musée des lettres et manuscrits (Paris)

- "Walter Benjamin Archives" au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (Paris)

- "L'hôtel particulier, une ambition parisienne" à la Cité de l'architecture (Paris)

- "Jean-Charles Delafosse et ses allégories" aux Arts décoratifs (Paris)

- "Sociétés secrètes. Savoir, oser, vouloir, garder le silence" au CAPC (Bordeaux)

- "Le fil rouge" de Sarah Moon (Périgueux)

Champ Vallon, c'est du sérieux, du nourrissant et souvent du classique quelques mois après publication : l'indispensable sur tel ou tel thème, notamment historique. Je pense à ces ouvrages, subjectivement emblématiques que sont Croiser le fer (par le biais duquel j'ai découvert la maison antan), Le bain de l'histoire et Le règne de la poire.

J'avais jusqu'à présent peu fréquenté la collection "L'environnement a une histoire", mais c'est chose réparée avec le court mais stimulant essai de Jean-François Mouhot, Des esclaves énergétiques, qui file, avec les précautions requises, l'analogie entre exploitation des esclaves* et utilisation de machines nécessitant de l'énergie fossile.

Une lecture assez perturbante, et passablement anxiogène... mais c'est le monde fini dans lequel il est nous donné de vivre qui l'est, et il ne sert à rien de se fermer les yeux. Sans pesante moraline, le livre ouvre des pistes : au moins de réflexion, si possible d'action. 

Un Lincoln... ou bien un Danton ?