De circonstance aujourd'hui, le Manifester à Paris de Danielle Tartakowsky (Champ Vallon), dont on pourra lire l'interview dans Le Monde, venue éclairer l'inflation d'événements parisiens à cette date. Le plus "légitime" étant tout de même, on en conviendra, celui des travailleurs*. Et sur la très politique célébration de Jeanne d'Arc** à cette date, on peut toujours se reporter au Jeanne d'Olivier Bramanti.

* Au passage, ces deux livres complémentaires sur la mythique Charte d'Amiens, aux éditions CNT-RP : ICI et LA.

** Pour qui se trouve simplement attaché, comme moi, à la figure de la Jeanne historique, se régaler avec ce pavé de papier fin. Le seul auquel je me confronterai ce jour, en convalescence que je suis.

Pour ceux qui se gratteraient la tête sans comprendre les chiffres récents de certaine candidate*, nez insensible aux effluves du caviar... lire ces deux livres, par exemple :

- Le sens du peuple, de Laurent Bouvet

- Le complexe d'Orphée, de Jean-Claude Michéa

Salutations républicaines à mes lecteurs. Honneur au peuple.

* Voir l'enquête dans les pages centrales du Monde de ce jour.

- Nouvelle livraison des Lettres françaises (offertes avec L'Humanité comme chaque premier jeudi du mois), le sommaire ICI. Très bel hommage à Jean Sénac. Chroniques notamment sur Chacun son paradis, Les fanatiques de l'Apocalypse et sur Thomas Münzer, théologien de la révolution.

- Les Temps Modernes n°667... un très riche sommaire en un peu plus de 200 pages. Les articles de Sternhell et Dandois sont passionnants. Quelle figure que le prince Mirsky ! Staline a décidément ravagé l'intelligence de son époque. Plongé actuellement dans le stimulant article comparant l'intellectuel iranien Kasravi avec Jules Michelet. Les intelligences se parlant par-delà la mort, quoi de mieux ? Mort, papier, et la vie prolongée.

- Le Monde diplomatique n°698. A noter, l'article sur John Ford et la fibre sociale d'Hollywood ou celui intitulé "Mercenaires africains pour guerres américaines". Et toujours une moisson de recensions, Le Diplo constituant un outil bibliographique de qualité.

Eclectique maison Bartillat puisque qu'elle s'intéresse aussi bien à Bainville... qu'à Mathiez, et ma foi, si le premier se trouve écrasé par le second dans ma bibliothèque, il y est néanmoins présent*. Un volume à compléter par celui sur La réaction thermidorienne (très bien édité par La Fabrique).

* Je dois d'ailleurs envisager d'en augmenter la présence, peut-être avec ce fort volume.

Dans la série sur les journalistes dans L'Humanité, celui d'Andrée Viollis ce jour. Les Bons Caractères ont eu l'excellente idée de republier Indochine S.O.S., un témoignage qui marqua les esprits autant que celui de Gide sur le Congo. Pour le XIXe siècle et l'Afrique, voir le récent Les héros de l'Empire (Perrin).

Rouart est toujours plaisant à lire, en témoigne son Bernis. Voici à présent un Napoléon*, témoignant de la fascination de l'écrivain pour l'histoire : toute une tradition littéraire française, en général assez féconde.

"La République est une ingrate" (dixit Rouart dans le JDD de ce jour) qui ne commémore point et tourne le dos à l'homme. On se souvient de 2005...

Je partage ces mots de l'entretien, qui peuvent lui faire une conclusion : "C'est le plus grand présent-absent de notre histoire". Voilà qui est joliment dit, et tout à fait juste** (et une raison majeure de ladite fascination).

* Gallimard pour tous deux.

** Robespierre, lui, étant en quelques sorte absent(éisé) : à refuser de le voir "par dessus Napoléon", il y a là toute une explication de l'époque. Ne sommes nous pas les arrière-petits enfants malheureux de Thermidor ?

Un livre fondamental, mais qui manquait à ma bibliothèque, ce sera bientôt réparé : L'argent des cathédrales, de Henry Kraus, en édition de poche (Cerf/CNRS). Une nécessaire histoire matérielle... mais bien des mystères restent sur la "possibilité d'une cathédrale" en société pauvre et non-abondante. L'on reste tout de même pantois* devant l'établissement d'un manteau de cathédrales** à travers l'Europe dans ces conditions. La force du sacré... difficile à comprendre en société sécularisée. Au fond, rien ne nous est plus exotique que le passé : là réside - en attendant Mars et plus - notre véritable dernière frontière***.

* On a beau lire historiens, anthropologues, économistes et autres, quelque chose demeure : sinon, nous ne serions pas des hommes.

** Une photographie de Fabrice Neaud pour illustrer cette référence bibliographique, ici la cathédrale de Beauvais. Quant à celle de Saint-Malo... les participants au salon de bande dessinée de la cité maritime peuvent toujours lire CECI avant d'aller la découvrir.

*** Et nul besoin de Kennedy ou tout autre charlatan pour l'aborder : il suffit de livres, de pierres, de paysages... et de dérive.

Je l'annonce un peu tard, mais je viens juste d'en apprendre l'existence : le Salon du livre russe à Paris, qui dure encore jusqu'à demain. Pour ceux qui pourront s'y rendre*, voilà une occasion de penser la campagne de Russie... d'en face.

Pour les autres, se consoler avec quelques parutions :

- Napoléon Bonaparte, Correspondance générale. Tome 12 La campagne de Russie, Fayard

- Marie-Pierre Rey & Thierry Lentz, 1812, la campagne de Russie, Perrin

- Marie-Pierre Rey, L'effroyable tragédie, Flammarion

- Oleg Solokov, Le combat de deux empires, Fayard

- Jacques-Olivier Boudon, Napoléon et la campagne de Russie, Armand Colin

- Jacques-Olivier Boudon (réunies et présentées par), Lettres de la Campagne de Russie - 1812, Pierre de Taillac

- Dominic Lieven, La Russie contre Napoléon, Editions des Syrtes

- Adrien de Mailly, Souvenirs de la campagne de Russie en 1812, Bernard Giovanangeli Editeur

- Carl von Clausewitz, La Campagne de 1812 en Russie, André Versaille

* Et pour ceux qui iront jusqu'en Russie, ce Vivre et travailler avec les Russes (L'Harmattan).

Le texte qui m'a le plus touché dans Le nouveau numéro des Lettres françaises* : l'hommage, juste, équilibré, intelligent de Jean-Numa Ducange à Eric Hobsbawm, n'éludant aucune des critiques faites à l'oeuvre, "une des plus stimulantes interprétations de l'époque contemporaine". Après les vaines polémiques passées, reste à lire Hobsbawm... en espérant voir traduits prochainement des articles - inédits en France - publiés dans la revue Past & Present.

* Nouvelle série, n°98. Offert avec L'Humanité de ce jour. Sont aussi abordés Strindberg, Max Jacob, Marc Twain, Karl Korsch, la bohème, les lettres de cachet, etc.

Un podcast passionnant, sur la réforme grégorienne, avec le jeune médiéviste Florian Mazel*. Rien lu de lui à ce jour, mais je tiens à noter son nom ici, car l'entendre donne très envie de le lire. Quand la radio de service public tient son rôle...

* Puis Michelle Perrot et sa Mélancolie ouvrière (Grasset).

Quelques titres évoqués hier soir au long d'une discussion suivie et animée (en bonne compagnie) :

- Pornotopie, de Beatriz Preciado (Climats)

- Trouble dans le genre, de Judith Butler (La Découverte)

- Penser la violence des femmes, un collectif (toujours à La Découverte)

- Une histoire de la Révolution française, d'Eric Hazan (La Fabrique)

Pour découvrir Sophie Wahnich, "une historienne des émotions", cette vidéo est bien.

Et un petit extra pour la route.

Le tout étant dédié à ma chère Adélaïde.

- 25/11 : Nouveau Séminaire RDJ, cette fois sur Philippe Roth. Très bonne idée, mais j'espère qu'il en viendra un sur Saul Bellow !

- 29/11 : Journée d'étude sur Mendès France et ses "conseillers pour les affaires internationales". Je recommande l'épaisse biographie d'Eric Roussel, sa lecture a changé mon regard sur "PMF" en plus d'un point (comme celle de Petitfils sur Louis XVI).

- 8/12 : Journée d'étude en hommage aux "80 ans" de la revue Esprit. La revue n'est certes plus le grand référent qu'elle a pu être à telle ou telle époque -les temps ne s'y prêtent plus - mais elle garde du nerf et du sens. Et puis durer dans le paysage intellectuel, c'est important en soi. Ou alors s'autodissoudre "dans la gloire" comme L'Eprouvette !

Quoi qu'un peu terne durant la Révolution, le rôle de Cambacérès n'y fut pas anodin, même s'il "se révéla" sous le Consulat et l'Empire (ce qui est parlant en soi). Tombé par hasard sur ce livre, je découvre par la même occasion son éditrice, Monelle Hayot*, dédiée à l'art. 

* A noter, pour les amateurs de chine, le Saut de "Puces" à Saint-Ouen de Jean Bedel. Ce qui me donne envie d'y retourner un de ces jours.

Numéro de janvier en kiosque, acheté fin décembre pour ce qui me concerne, et pas encore totalement lu, je pioche dedans au fil du mois et de mes envies. Ce qui nourrit particulièrement mon intérêt ce mois-ci : 

- "Occuper Wall Street, un mouvement tombé amoureux de lui-même"

- "Justice borgne pour les Balkans"

- "Joies troubles du mécénat"

- "Les beaux fantômes de la révolte"

Et bien sûr, toujours une riche bibliographie (livres et revues).

Une lecture fascinante et loin des clichés, notamment sur le "bon sauvage" : Little Big Horn. Autopsie d'une bataille légendaire, de David Cornut* (Anovi). J'en reparlerai sans doute un de ces jours, tant cette lecture m'a impressionné**. 

De son côté, dans un petit livre très riche, Darmangeat "décrit des communautés “essentiellement composée d’individus économiquement indépendants, politiquement libres, et armés”, tout en évitant l’écueil de l’idéalisation caricaturale des peuples égalitaires, qui entretiennent beaucoup de violence meurtrière, et surtout, une condition féminine souvent épouvantable", comme l'écrit Gaëlle Cloarec du culturel Zibeline.

Rien de pire que l'idéalisation naïve ou l'essentialisation... qui finit toujours par trahir la confiance en l'unité du genre humain. Tout humain est humain, très humain... parfois trop.

* La relecture de la vision de Palacios et Gourmelen de l'événement prend du coup une drôle de saveur.

** Et en attendant de lire CECI.

- Ici, on ne pleurnichera pas sur une dépouille récente, diversement célébrée. Pour se remettre tout ça en tête, lire par exemple Un peu de l'âme des mineurs du Yorkshire (L'Insomniaque). 

- Lecture récente, et marquante, celle des trois tomes de Georg Büchner. Biographie générale, la somme "circulaire" de Frédéric Metz (Pontcerq). Un livre que toute bibliothèque publique devrait posséder, c'est une évidence. Ami(e)s bibliothécaires...

- Dur de s'intéresser à la Guerre froide et à ses conflits brûlants sans croiser la route de Pierre Schoendoerffer. J'ai toujours aimé le cinéaste (et écrivain) et son génie à montrer la guerre "à ras de soldat". Pour compléter la biographie de Bénédicte Chéron (CNRS éditions), on pourra aller lire ces échanges tout juste parus (Grasset). 

- J'essaie de suivre ce que font Les Belles Lettres, le catalogue de cet éditeur se passe de tout commentaire, il est tout simplement indispensable (même si je ne partage pas leur engouement pour Ayn Rand !). Je suis donc ce soir le plus heureux des hommes : on vient de m'offrir les Caractères de Théophraste, un petit livre qui s'en ira rejoindre La Bruyère sur une étagère. 

- Découvert ce texte de Joyce Carol Oates (chez Tristram) grâce à un bel article de Jean-François Fournel dans un numéro récent de La Croix. Jamais rien lu d'elle, ce sera l'occasion (un de ces jours). Quant à la boxe... pourquoi ne pas en profiter pour découvrir un autre Brecht ?

- Parce que j'aime l'honnêteté intellectuelle avant tout, je suis heureux de la parution des Historiens de garde (Inculte), un petit livre écrit par de jeunes historiens remontés contre les fariboles de l'histoire-folklore. A rapprocher de Mais pourquoi tant de haine ? contre des délires pseudo-hédonistes à la mode.

- Pour l'avoir déjà écoutée en conférence, c'est toujours un beau moment d'intelligence en action que celui où parle Julia Kristeva : en voici une occasion parisienne, prochainement. A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, chez Fayard.

Ce sera tout pour le moment, et je conclue en recommandant d'aller faire un tour chez les éditions de La Ville Brûle.

Les meilleurs passages de ces deux livres :

- les incroyables et complexes démêlés de Malraux avec Staline et "son monde"... dans la biographie d'Olivier Todd* (Gallimard). 

- le chapitre (qui se prolonge sur d'autres pages ensuite) sur Céline dans le Composite de Denis Bourgeois (Ego comme X, en librairie le 2 mai)**.

* Et l'on préfèrera sa biographie de Camus à tel triste pamphlet contre Sartre.

** Bien sûr, Céline et Sartre... l'eau et le feu... tout le "piquant" d'une époque. On peut le constater ICI.

Suis aussi un lecteur de Furet, à peu près tout lu de ses écrits sur la Révolution française (et pas mal du reste aussi), pas le choix ! Il a tant bousculé les lignes, pour le pire... et parfois aussi un peu de bon, obligeant les historiens en retour à travailler, approfondir, relire etc. Une partie des effets s'en lisent par exemple dans cet épais recueil Vers un ordre bourgeois ? Révolution française et changement social (PUR). Quand je pense que la grosse biographie de Prochasson m'attend sur ma table de nuit, à quelques encablures d'ailleurs du Christofferson, je suis presque angoissé. Délices passablement masochistes...

J'aurai fini mon roman cet automne, je serai sans doute épuisé ou déprimé ou que sais-je. Eh bien, heureusement, il y aura quatre grands titres chez Agone pour me requinquer ! Un programme excitant, que voici :

- L’art n’est pas libre, il agit – Ecrits sur la littérature (1913-1948) d'Alfred Döblin

- Les Grands Hommes de l’exil de Marx et Engels

- Le Socialisme en France de Rosa Luxemburg

- Front populaire, révolution manquée, de Daniel Guérin

Un petit clip drôle et méchant, un peu dans l'esprit Hara Kiri, ce qui change de l'homo comicus basique. 

Quant à la loi de la République, amusant de la voir défendue par quelqu'un qui se réfère constamment à la loi naturelle... et combat d'arrache-pied une loi républicaine. 

Le divorce déjà, durant la Révolution française...

Quelques livres repérés via une pile de journaux :  

- Le Grand Ferré, de Colette Beaune (Perrin)... l'excellente historienne de Jeanne d'Arc.

- La Question d'Henri Alleg (Minuit), qui vient de décéder (et cet autre livre pour contextualiser).

- L'Antiquité, territoire des écarts de Florence Dupont (Albin Michel), dont la lecture est toujours stimulante.

- Penser la stratégie de l'Antiquité à nos jours de Béatrice Heuser (Picard) qui a l'air d'un livre de référence.

- L'économie selon la Bible de Richard Sitbon (Eyrolles)... le Pape va-t-il le lire ?

- Critique de l'Etat, de Saskia Sassen (Demopolis) dont on peut retrouver un entretien ICI.

C'est tout pour le moment.

Un point commun entre les deux derniers ouvrages, précieux, de Sophie Wahnich ? Une certaine critique de la folklorisation de la Révolution française, opérée par certains qui voudraient s'en réclamer un peu trop exclusivement. A ce sujet, l'introduction à L'intelligence politique de la Révolution française (Textuel) est rafraîchissante. Voir donc aussi l'Histoire d'un trésor perdu (Les Prairies Ordinaires).

Plus ou moins en vacances, je me nourris de presse, de café et de soleil. 

- Lisant L'Humanité, j'y trouve une pub FrancoFans pour les albums Zik & Bulles... dont notre Bordel de luxe. Sympathique. 

- En fin du Canard enchaîné, une note de lecture sur une question cruciale : Pourquoi Hitler n'a pas eu la bombe atomique (Economica). Ouf.

- Dans Libération, j'ai bien aimé le papier sur les difficultés de l'histoire en Macédoine. Pauvre Alexandre. Du roman national encore un peu partout.

- Bien sûr, Le Monde diplomatique, un des seuls mensuels à avoir une édition en août. Avec du fil de fer barbelé, Mandela, la guerre d'Algérie et Al Capone.

- Enfin, dans le dernier numéro de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière, un très bon article sur August Bebel. Pour ceux qui voudraient aller plus loin, ce livre semble tout indiqué.

Enfin, un journal qui se dote d'un feuilleton d'été en bande dessinée (figure convenue certes) de qualité, et pas une énième m... mainstream, voleuse de "temps de cerveau disponible". Ne pas mépriser son lecteur et le prendre pour un con, c'est toujours bien. Bref, c'est Dora dans L'Humanité. Je ne connaissais ni l'auteur, ni la série, ni l'éditeur. Voilà qui est réparé.

En train de lire (ou relire) Albert Cohen ces jours-ci, de grands moments et bonheurs de lecture.

Pour ce soir, à mâcher et remâcher ces mots de l'oncle Saltiel à Salomon Solal (dans Solal, en poche chez Gallimard) :

- En somme, qu'est-ce que la vérité ? demanda rêveusement Salomon. 

- C'est ce qui est entre les mots, dit le petit oncle, et qu'on éprouve dans la joie.