Evidemment, quand je vois le logo de ladite Fondation et accolés l'un à l'autre les deux Napoléon, difficile de ne pas penser à l'histoire se répétant en farce*. Aux amis à qui j'ai offert ce livre de Marx dernièrement, salutations nocturnes !

* Et ce n'est pas la lecture récente de Camerone qui m'aura fait changer d'avis...

Deux lectures récentes... reliées par l'explosion de la violence de masse guerrière depuis la fin du XVIIIe siècle (notamment due au rôle croissant de l'artillerie) :

- Leipzig, 1813. La guerre des peuples de Stéphane Calvet* (Vendémiaire)

- Le Jour le plus meurtrier de l'histoire de France. 22 août 1914 de Jean-Michel Steg (Fayard)

Tous ces pauvres soldats, sous-officiers, officiers de tant de nations broyés, hachés, éparpillés... l'attention des historiens les entend post-mortem et tente de nous les rapprocher, par sondage. Comme l'ancienne histoire-bataille semble loin !

* A noter, quelques passages intéressants  de Calvet sur les traces de républicanisme dans l'armée impériale de 1813. L'an II comme un reproche lancinant...

Voici une bonne idée de soirée aquitaine - j'y serai si ma vie tumultueuse me le permet : le vernissage de la "Procession" narrative menée par Julie Maroh* et Maya Mihindou parmi les collections du CAPC. A ne pas rater, amis bordelais (et autres).

* Notons la dernière sortie de Julie, son Skandalon chez Glénat.

Avec ce blog, je marque de la suite dans les idées, ou parfois des obsessions... comme celle de dire et redire combien la trilogie sur Georg Büchner par Frédéric Metz constitue une somme précieuse (et transversale). Depuis sa sortie, on ne peut plus lire ou recevoir Büchner de la même façon en France. J'espère que ses metteurs en scène à venir auront ladite trilogie sous le coude ou la méditeront, avant par exemple de monter une Mort de Danton. Chez Pontcerq et les Editions théâtrales respectivement.

Suite toujours. Les passages consacrés à Danton par Eric Hazan dans Une histoire de la Révolution française (à La Fabrique) sont exemplaires d'honnêteté intellectuelle et de justice*. Je ne conseillerai jamais assez ce livre ! 

* Comme si le meilleur de Mathiez et d'Aulard avait été réconcilié post-mortem pour une métapolitique à venir. 

Un éditeur dont je respecte beaucoup le travail : William Blake & co, installé à Bordeaux et dirigé par l'écrivain et poète Jean-Paul Michel. Un "lundi de l'Arsenal" lui sera consacré ce 10 mars, accompagné d'une exposition. Si je devais donner un seul titre expliquant mon attachement de lecteur à William Blake & co... ce serait L'Amour et la Dilection.

Une question cruellement d'actualité au coeur du prochain Festival de Géopolitique à Grenoble* : "Eurasie : l'avenir de l'Europe ?". En tête, certaines des conclusions ou prédictions d'Hélène Carrère d'Encausse, écoutée l'an passée... Et la question principale à ce stade : Eurasie avec ou sans guerre ?

* A noter, la présence d'Yves Lacoste : La Découverte a réédité récemment son grand livre en poche.

J'ai découvert l'auteur très récemment, dans une brocante, livre en poche payé un euro voire moins : Inigo chez Gallimard. Et quelle lecture ! Subtil piège narratif autour de la grâce, le livre pique par moments, tel la peau de châmeau de Jean-Baptiste. Il tente, en prenant son temps - le livre est court mais le temps s'y étire - de saisir le "guerrier de Dieu" dans sa difficile éclosion. 

Agréablement surpris... j'ai acquis quelques semaines plus tard Le chemin des morts (même éditeur). Avec quelque appréhension, je l'avoue, tant le sujet me semblait délicat à traiter et casse-gueule, même. Eh bien, c'est court, sobre et réussi. 

Avec attention, les prochains livres de Sureau et certains de ses précédents. Des livres que l'on peut acheter à la librairie Contretemps, bien sûr.

* Lors de ce nouvel événement littéraire parisien.

J'avais beaucoup aimé aussi L'été en enfer de Nicolas Chaudun (Actes Sud) sur la débâcle de Napoléon III*, un livre bien écrit et prenant**.

Je prêterai donc attention à sa nouvelle parution, un roman intitulé Octave roi (PG de Roux). Le feuilleter en librairie, pour commencer.

* Une bonne occasion de mentionner Engels et ses Notes sur la guerre franco-allemande de 1870-1871 (Science marxiste).

** Un petit extrait : "Comment se peut-il que la mort se soit dérobée de la sorte ? Tous les témoins s'accordent au moins sur ce point : Napoléon à Sedan, exposé, isolé, impassible, a imploré la mort aussi sûrement qu'un paratonnerre capte la foudre. Pour cela, il s'est tenu six heures en selle. Un supplice ! Une agonie, quand on sait à quel délabrement l'a soumis sa course à l'abîme. Il a d'ailleurs fallu qu'il mette plus d'une fois pied à terre. Souffrances bien vaines, la fortune l'ayant abandonné jusque dans le suicide. Un dernier incident aurait pu, in extremis, lui apporter la fin qu'il cherchait." (p. 128)

Quelque part entre Auguste et Cléopâtre, j'aimerais trouver le temps d'aller voir l'exposition Nancy Cunard au Quai Branly. Ceux de mes proches ou amis qui l'ont vue ont apprécié... et ils ont bon goût. Lire ce petit texte avant. Et fréquenter la collection "Histoires Atlantiques" des éditions Amsterdam.

Ma fibre écolo trouve beaucoup de choses sur le site Reporterre, initié par Hervé Kempf, ex-journaliste du Monde justement (c'est le journal qui a perdu en l'excluant et non l'inverse). Tri sélectif à faire parmi les articles évidemment, mais parmi les choses qui m'intéressent, la notion de "projet inutile".

Si quelqu'un veut me faire belle surprise et chaude amitié, il peut m'envoyer le nouveau livre de Nicolas Offenstadt : En place publique : Jean de Gascogne, crieur au XVe siècle (Stock). Où placerais-je ce livre, au dessus de quelle pile instable chez moi ? 

J'aimerais en tout cas avoir dix ans de moins pour vivre plus intensément l'époque historiographique actuelle. Trop de choses passionnantes se publient, je n'arrive que difficilement à suivre ! Et pourtant, je dors peu.

Les livres en retard attendront, ils ne perdent rien pour attendre comme on dit.

... à noter, un peu de bibliographie pour qui veut (et d'abord pour moi-même) :

- Hans Küng, Jésus (Seuil)

- Armen Ayvazyan, Les forces militaires arméniennes dans l'Empire byzantin (Sigest)

- Collectif, Lyon. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste (La Passe du Vent)

- Hendrik Ziegler, Louis XIV et ses ennemis (PUV)

- ss. dir. Marianne Closson, L'Hermaphrodite de la Renaissance aux Lumières (Classiques Garnier)

- Lémy Lémane Coco, Rôles et résistances des femmes esclaves (Orphie)

- Thérèse Charles-Vallin, François Cabarrus. Un corsaire aux finances (A2C médias)

- ss. dir. Philippe Bourdin, Les nuits de la Révolution française (Presses universitaires Blaise-Pascal)  

- Fabien Menant, Les députés de Napoléon (Nouveau Monde)

- Emmanuel Larroche, L’expédition d’Espagne (PUR)

- ss. dir. François Pasquier, Un cadeau empoisonné. L'Algérie (Les Indes Savantes)

- Paul Christophe, 1914-1915, Quand Dieu se tait (Cerf)

- Pierre Jacques, Prussien malgré lui (Le Polémarque)

- Emile Chautard, La vie étrange de l'argot (Bartillat)

- Franck Mintz, Histoire de la mouvance anarchiste (Noir & Rouge)

- Revue Clio n°38, "Ouvrières, ouvriers" (Belin)

- Laurent Pericone, Guerre du Vietnam : la faute à Kennedy ? (Economica)

Pendant qu'on balance tout et n'importe quoi contre l'Eglise catholique... on oublie les sectes qui prospèrent, elles. Voici une bonne piqûre de rappel sous forme autobiographique, Amoreena Winkler et "les Enfants de Dieu". Deux tomes parus chez Ego comme X et qui font littéralement frémir. Même Renan opinerait du chapeau devant pareille lecture !

Alors qu'une énorme et délicieuse côte de porc m'attend ce midi, béni soit le cochon qui me l'a fournie ! Légère entorse à mon régime, mais c'est là une bonne tentation, le péché de gourmandise ne m'affectant plus guère. Et que Michel Pastoureau soit remercié pour avoir fourni cette ode de papier au cochon et à la cochonnaille.

Si le roi Juan Carlos s'était contenté de tuer des sangliers dans son pays* (au lieu d'aller massacrer ours et éléphants à l'étranger), il n'aurait sans doute pas abdiqué de cette manière.

Lectures presse du jour : L'Humanité (pour les manifestations républicaines en Espagne) et Le Canard enchaîné (pour le portrait de Jérôme Lavrilleux).

* Qui pullulent un peu partout et vont jusqu'à faire les poubelles à Barcelone. J'ai moi-même failli en rencontrer un dans des bois pas très loin de cette ville, ça grommelait fort. Le "roi chasseur" n'était-il pas une fonction ? Mais là où ne règnent plus que plaisir et immédiateté...

Pour ce qui concerne d'actuels délires politico-géographiques, où l'on découpe à tout va, comme si cela n'avait ni importance ni incidences, loin, si loin du "bon peuple", lire l'article de l'historien du droit Jean-Marie Augustin dans Sud Ouest, concernant le sort étrange prévu pour la région Poitou-Charentes (dont il connaît bien l'histoire et la géographie). 

A quoi sert-il que les géographes travaillent, on se le demande. Les découpeurs auraient au moins pu lire les cartes de L'invention de la France de Todd et Le Bras (Gallimard). Ou peut-être ont-ils trop bien lu et à leur manière (politicienne) ?

"Pour moi, le dimanche a toujours eu, quelle que soit la période, le goût du 7e jour, d'un autre jour. Il nous offre la possibilité d'habiter le présent et d'accepter une sorte de vacuité. Il interroge le sens et cette quête est toujours le fil conducteur de mes dimanches. Ils nous disent que nous ne nous réduisons pas à ce que nous consommons ou à ce que nous produisons." Joseph Spiegel, maire alsacien, dans La Croix ce samedi. Quand anthropologie... et droit du travail se croisent, ce sujet qui fâche, le dimanche. A préserver évidemment.

C'est mieux de trouver les anciennes éditions, et cela peut se faire à peu de prix, en brocante ou chez les spécialistes (par exemple l'excellente librairie Dupeux à l'Isle d'Espagnac en Charente*), mais enfin, puisque je tombe sur ces Chefs-d'oeuvre de la la littérature jeunesse (chez Bouquins), autant les signaler.

A noter aussi qu'au sein de leur bien utile collection "Le rayon vert", Les Moutons électriques rééditent la trilogie de Zenda. Grand roman et que de suites dans les imaginaires !

Si ce livre d'Umberto Eco a eu autant de succès, ce n'est pas pour rien... Histoire de l'Occident et livre jeunesse. Qui produira (ou traduira) une histoire critique des effets des romans de Karl May ?

* Il est aussi sur le net ICI, mais la richesse de sa boutique physique comme la qualité de son conseil méritent le déplacement.

Elle est royaliste, en plus ? Pourquoi le déclarer si tardivement ? Opportunisme et politicaillerie...

Quoi que foncièrement et radicalement républicain, je respecte d'autres opinions que les miennes et ma foi, cela ne me dérange pas que des gens vivent en République tout en se considérant royalistes. Tant qu'ils ne cherchent pas à abattre celle qu'ils appellent "la Gueuse" et que moi je souhaite réellement sociale... Mais là ! Une élue de ladite République et qui profite copieusement de ses ors et prébendes. Si on porte le deuil de Louis XVI, on le fait dignement, non ?

Tout cela me rappelle bien des passages de la vie politique sous la Restauration.

Chantal Montellier exprime sur son site des choses intéressantes, ressenties par d'autres après chaque festival et ce grouillement pénible, réellement commercial et faussement festif.

"Plus rien de festif, ni d’insolent ; disparue l’hyperconscience sociale, vaporisés l’allégresse, la politique et même le sexe, hormis celui des prédateurs qui nous gouvernent"

On aura bien sûr deviné la distance immense entre un "festif" et l'autre ! Toute trahison d'un mot a un sens, comme Klemperer, Orwell ou dernièrement Hazan et Michéa l'ont rappelé.

Quant au poème d'Aragon, il est bien choisi, par la créatrice de cet album-ci.

Allons, ne déprimons pas, le simulacre et l'ersatz ne font pas tout !

Un site fourni et dense sur Jean-Paul Marat, "l'Ami du Peuple", vient juste d'ouvrir ses portes.

Il est tenu par l'association Pole-Nord qui oeuvre depuis des années à la connaissance de cette figure importante de la Révolution française et que l'obcurantisme a toujours tenté de ranger dans les catégories de la tératologie. Lire à ce propos "Marat le maxi-monstre", par Delphine Verdussen.

Cette vision a encore livré dernièrement quelques oeuvrettes risibles cachant derrière Charlotte Corday leur détestation réelle de la Révolution française, de son mouvement, de sa signification et de l'émergence du "peuple" comme acteur.

Marat, monstre sanglant, expédié par un poignard libérateur ? Voilà une fable dont la perpétuation ne peut qu'étonner, tant la connaissance sur lui a progressé.

Salir et tuer sans cesse "l'Ami du Peuple", cela a sens, comme le percevaient très bien les sans-culottes eux-mêmes.

Soupirs...

- Au bord de l'Atlantique, Le Monde hélas moins frais qu'à Paris, mais accompagnant dignement le café tout de même. Dans ce numéro daté samedi donc, un bel article consacré à "La langue africaine des pharaons", accompagnant en quelque sorte l'exposition "Méroé, un empire sur le Nil". La longue et passionnante histoire de l'Afrique, démenti cinglant et d'évidence à ceux qui se trouvent intéressés à ne pas la penser comme sujet de l'Histoire.

J'en profite pour glisser ici mention d'un livre récemment sorti aux Belles Lettres : Aimé Césaire et Frantz Fanon. Portraits de décolonisés (auteur : Pierre Bouvier). Et tel autre, quand Carthage était grande, forte, et affolait la Méditerranée : Carthage et le monde punique, sous la plume de l'historien et archéologue Hédi Dridi.

- Dans L'Humanité de ce jour, comme chaque premier samedi du mois, livraison gracieuse des Lettres françaises, avec un dossier consacré à Walter Benjamin. A noter particulièrement, un entretien avec Gérard Raulet, autour de la monumentale entreprise de l'édition critique intégrale de W. B. (chez Fayard) et un article de Sophie Wahnich sur Benjamin et la Révolution française.

Prochaine rencontre du libraire, à la fin du mois, je retranscris :

" Le mardi 27 avril à 19h00 à la librairie MCL (Angoulême)

Les officiers charentais de Napoléon au XIXème siècle. Destins de braves.

Nous sommes habitués à entendre parler de Napoléon et de ses soldats sous une forme épique et légendaire.

Le livre de Stéphane Calvet nous parle de ces hommes d'un point de vue social, politique, culturel. Il nous montre les difficultés de ces charentais ayant acquis un rang sur les champs de bataille à le faire valoir dans leur vie post-napoléonienne.

Stéphane Calvet retracera pour nous la vie de ces officiers et répondra à vos questions.

Nul doute que l'éclairage original donné à ce sujet permettra de mieux comprendre la France du XIXème siècle.

En attendant le plaisir de vous retrouver nombreux le 27 avril à la librairie.

Catherine et Jean-Paul Coumont"

Pour en savoir plus sur ce livre, voir ICI.

Je relaye l'information :

"Ce mardi 27 novembre à 19 h, la librairie MCL, rue de Beaulieu, reçoit Jean-Paul Flamand, sociologue, pour son livre La question du logement aujourd’hui en France, aux éditions Abeille et Castor.

Dans son livre La question du logement, datant de 1872, Friedrich Engels explique pourquoi les salariés ne peuvent trouver à se loger en régime d’économie libérale.

Le “modèle français du logement social” mis en place pendant le XXème siècle se heurte maintenant à de rudes réalités (subprimes, crise mondiale du système capitaliste).

En partant des réflexions de Friedrich Engels, Jean-Paul Flamand s’interroge sur l’avenir du logement social aujourd’hui en France."

Excellente et originale aventure éditoriale que de joindre ces deux textes en un seul livre. Et pour ceux qui n'ont pas le texte d'Engels (aux Editions sociales, par exemple), c'est une bonne occasion de l'acquérir.